8 jours de ski hors piste à Hokkaido, Japon, la meilleure poudreuse du monde

Je me souviendrais longtemps de cette neige irréelle ainsi que de tous ces japonais qui semblent passer leur hiver entre le déneigement des abords de leur maison et les onsen bien mérité après s’être frotté à la rudesse du climat de cette magnifique et sauvage île de Hokkaido.
Ski Japon poudreuse : 8 jours de ski hors piste à Hokkaido, Japon, la meilleure poudreuse du monde

Quand on arrive à l’aéroport de New Chitose à Hokkaido on est frappé par l’ambiance feutrée et le personnel omniprésent qui canalise en douceur les voyageurs. On récupère nos skis et nos sacs avec soulagement et des dizaines de boutiques de spécialités locales et autres restaurants typiques nous attendent dans les grands halls de l’aéroport. Mais ce n’est pas tout, il nous reste quelques kilomètres à faire avant de rejoindre Furano, notre première étape de ce voyage ski au Japon.

Après plusieurs kilomètres, sur une autoroute de plus en plus enneigée, on arrive sans encombre à Furano. Notre hôtel, North Country Inn, est un petit hôtel bien tenu par une famille de Japonais pur jus et la communication est laborieuse mais amusante. L’hôtel est bien situé entre la zone des remontées mécaniques de Kitano Mine et de Furano. Il fait nuit et on a tous vraiment hâte d’être à demain. Furano c’est 1000 mètres de dénivelée et de nombreux itinéraires de ski hors-piste qui commencent au-dessus de la forêt avant de plonger entre des bouleaux juste assez espacés pour nous laisser glisser jusqu’au pied des remontées mécaniques.

1er jour de ski hors piste au Japon, de la poudreuse à profusion

C’est le premier jour et le ton est donné. Il y a de la neige, beaucoup même et déjà je me félicite d’avoir pris la décision de venir skier au Japon, depuis le temps que l’on m’en parlait ! Après une matinée à trouver nos marques on attrape un ramen (grand bol de soupe avec des pâtes et des légumes) au resto au pied des pistes et on en profite pour faire sécher masques / casques / tours de cou / gants, le tout étant plein de poudreuse. Ça fait aussi du bien aux jambes de faire une pause. À l’appel de Fred je n’hésite pas une seconde et je repars avec lui et on se retrouve à 5 pour faire encore quelques traces, les autres préférant s’arrêter là pour un premier jour. Pour ma part je ne peux pas refuser encore quelques runs dans cette neige que je n’avais jamais skié auparavant. Dur de la définir dès maintenant, je m’y essaierai à la fin du séjour.

Le ski hors piste n’est pas (encore) à la mode au Japon

Le deuxième jour, on va à Tomamu. À notre surprise, on ne rencontre pas d’autres skieurs équipés hors-piste rando. Du sommet des remontées, on traverse dans de grands bols de neige chantilly d’où émerge çà et là des touffes de feuilles de bambou… Vraiment exotique comme terrain pour skier ! Puis on plonge dans de grandes percées dans la forêt pour rejoindre la route où notre guide avait laissé le minibus. On passe la journée tranquillement à tracer cette neige vierge qui ne cesse de tomber doucement mais sûrement… Demain il paraît que la météo annonce une journée sans nuage ! C’est l’occasion d’aller à Asahidake la montagne la plus haute de l’île à 2290 m d’altitude. Heureusement il y a un téléphérique qui permet de gagner déjà pas mal de dénivelée.

Le matin on part tôt en minibus et nous sommes assez vite au pied du téléphérique qui permet de monter jusqu’aux fumerolles. Il y a beaucoup de monde, on colle nos peaux de phoque et rapidement on s’élève sur les pentes du volcan. Les candidats à l’ascension se font moins nombreux et on se retrouve bientôt presque seul à contempler l’intérieur de ce qui a dû être un cratère ayant explosé laissant une énorme combe parfaite pour skier avec en son milieu une dizaine de grosses fumerolles qui crachent une fumée blanche très dense.
C’est un spectacle auquel aucun de nous n’avait assisté auparavant. Encore un petit effort et nous voilà au sommet. On ne traine pas car le froid est bien là et on a hâte de skier. Quelques photos pour immortaliser ce moment sur le plus haut sommet de l’île et nous voilà sur les skis direction les fumerolles. Dans la combe la neige est moyenne car expo au vent et comme on s’approche de notre première fumerolle on commence à entendre un bruit assourdissant, comme des turbines d’avions. Les fumerolles expulsent avec force les pressions souterraines, c’est incroyable l’énergie qui sort de ces trous ! On passe vraiment beaucoup de temps à admirer cet endroit unique avant de continuer à descendre cette fois dans une super neige et entre des arbres idéalement espacés.
On remonte encore une fois ou deux en téléphérique pour profiter un peu plus de cette neige de rêve. De retour à Furano tout le monde est encore surexcité de la journée magique qu’on vient de passer et après un délicieux repas à Masaya un restaurant Teppan Okonomiyaki Masaya, nous voilà parti en goguette dans le quartier chaud de la ville. Fred nous amène dans un tout petit bar à saké qui s’appelle Robata et que je vous conseille vivement, la déco et l’ambiance y sont incroyables…

Hokkaïdo, la neige la plus légère du monde

Le lendemain on se réveille et une bonne surprise nous attend. Il a encore bien neigé cette nuit, ça va nous aider à décoller car on a tous la tête un peu lourde de la soirée au saké. On décide de skier à Furano une deuxième fois car on a vraiment bien aimé et en plus avec toute cette belle neige cela promet d’être épique ! Dès le premier run effectivement c’est incroyable, la neige est tellement molle que je ne sens pas le fond. On enchaîne les runs jusqu’à s’enivrer encore mais cette fois sans alcool… Furano restera une super expérience où se combine à merveille des journées de ski variées et des soirées agréables à la découverte de restaurants typiques de qualité. Franchement top.

Aujourd’hui, on roule vers l’ouest de l’île d’Hokkaido pour rejoindre notre nouvelle base à Niseko village. On emprunte la route du littoral qui passe par Otaru, le plus grand port de l’île. C’est l’occasion de visiter le marché de fruits de mer et d’y faire un rapide déjeuner. Toujours le long de la mer, nous faisons une autre halte cette fois pour admirer les plages de sable noir recouvertes de neige, encore un paysage exceptionnel que nous offre ce voyage de ski au Japon. Sur la route on visite aussi la distillerie de whisky Nikka. Mais il ne faut pas traîner car au programme d’aujourd’hui il y a du ski de nuit prévu… C’est les yeux écarquillés que nous arrivons au pied du volcan Annupuri. Ce volcan de 1300 m de haut est vraiment impressionnant et la route qui le longe nous donne tout loisir de bien l’observer. Nous voilà devant l’hôtel Green Leaf ! Rien de comparable avec notre petit hôtel de Furano. Le Lobby est grand mais chaleureux et les nombreuses hôtesses parlent anglais… Les formalités de check-in sont vite expédiées et nous avons rendez-vous dans une demi-heure avec tout le matos pour skier, il est 16h30 !!!

Quand on arrive au Grand Hirafu, il fait déjà nuit et je suis impatient de skier. Il neige encore et les spots qui éclairent les pistes se reflètent dans les nuages créant un halo orangé inondant toute la montagne. Le forfait de ski en poche nous prenons d’abord une télécabine, puis un télésiège, puis un autre. C’est incroyable comme le domaine de nuit est grand. Nous nous amusons comme des fous sur les bords de piste et Fred nous amène même skier un versant hors-piste non éclairé, mais grâce à la réverbération des nuages et à nos lampes frontales on y voit bien… Ce qu’on n’a pas vu, c’est le temps passer, il est 20 heures 30 et les remontées fermes, il faut s’arrêter. Quelle expérience, ce soir j’ai eu des sensations complètement nouvelles, skier de nuit dans la poudreuse et quelque chose que je n’aurais jamais imaginé il y a quelques jours… Après un rapide dîner au grand Hirafu, nous rentrons à l’hôtel pour une bonne nuit récupératrice.

Free rando à ski au départ de Niseko

Ce matin on démarre ski aux pieds devant l’hôtel direction la télécabine de Niseko village et la télécabine de Higashiyama. Les pisteurs ont annoncé sur leur page web que toutes les gates du sommet allaient ouvrir. On enchaîne donc les remontées vers la gate G4 qui permet de rejoindre facilement le sommet du volcan Annupuri. Du sommet les pentes sont ouvertes, longues et soutenues, je me régale ! Plus bas on découvre des bouleaux énormes et hyper espacés, vraiment idéals pour skier. Depuis le sommet, la neige est profonde jusqu’aux genoux et parfois jusqu’aux hanches. D’un coup je réalise que nous avons basculé de l’autre côté du volcan et que nous sommes maintenant à Hanazono de l’autre côté du domaine skiable de Niseko United. On en profite pour faire une courte pause dans un petit stand qui fait du café et des chocolats chauds avec un chamallow dedans ! Et on repart direction le sommet du volcan pour un autre itinéraire vers Niseko Annupuri. La journée suit son cours entre poudreuse et découverte, comme le fameux télésiège « pizza box » avec ses sièges une place… On rentre bien humide après une journée mémorable passée dans la white room japonaise et une fois encore le onsen sera d’un précieux secours pour nous aider à récupérer… Apparemment la météo annonce une tempête pour demain.

Effectivement on se lève, il neige et il y a beaucoup de vent. Les remontées du haut du domaine sont fermées. Fred décide de partir à Moiwa sur les flancs ouest du volcan. C’est une petite station bien abritée qui n’est que partiellement reliée au reste de Niseko. On saute dans nos affaires de ski et nous voilà quelques minutes après au pied du petit centre de ski de Moiwa. Ici tout est calme, il y a moins de vent et il n’y a pas grand monde. Il n’y a que 3 télésièges mais il y a vraiment beaucoup de neige et on trace dans au moins 50cm de neige épaisse et légère à la fois. Les flocons qui tombent sont gros. Par moment il neige tellement fort qu’on a du mal à voir ce qu’il y a derrière les rideaux de flocons… En fin d’après-midi, on bascule derrière la remontée la plus haute en direction de Goshiki Onsen. C’est un « Ryokan » un hôtel traditionnel avec des piscines d’eau chaud naturelle issue de sources volcanique. En deux minutes tout le monde est passé du mode skieur au mode à poil ! Le maillot de bain est interdit mais on nous fournit des petites serviettes pour cacher la zone voulue. Après un bon savonnage on profite d’abord des piscines intérieures et on découvre qu’il y en a aussi à l’extérieur, les rotenburo ». Du coup le corps est bien au chaud dans l’eau à 39/40° et on utilise la petite serviette pour se protéger la tête du froid et de la neige qui n’arrête pas de tomber. En sortant de l’eau il y a des salles permettant de se relaxer et plus tard un taxi vient nous chercher pour rentrer à l’hôtel. S’ensuit un bon dîner à Bang Bang un restaurant de « Yakitori » super réputé à Kutchan-cho. Aujourd’hui c’est notre dernier jour et il fait beau. Pendant que je prépare mon sac j’aperçois le volcan Yotei de la fenêtre de ma chambre. C’est impressionnant comme le volcan est symétrique. Après un petit déjeuner vite expédié, on charge le minibus pour se rendre à Rusutsu, une station de ski sur la route de l’aéroport de Chitose. On roule maintenant le long du Mont Yotei qui nous domine du haut de ses 1800m d’altitude. Il parait qu’on peut passer une semaine à Niseko sans même le voir tellement il fait mauvais… Il se gravit en ski de rando mais on préfère aller au mont Shiribetsu qui est bien plus accessible car à côté des remontées de Rusutsu. On passe une belle journée à faire nos traces en mode freeride dans cette station qui m’a paru assez vaste, probablement une des plus belles stations de ski au Japon. Vers 15h30 nous arrêtons le ski afin d’avoir un peu de marge pour arriver à l’aéroport de Sapporo New Chitose à temps car les participants les plus pressés doivent prendre le vol de 20h à destination de Tokyo. Ce soir nous serons seulement 5 pour le dîner de clôture de ce beau séjour de ski. De mon côté j’ai encore 3 jours au Japon pour visiter Tokyo et Kyoto…
Je me souviendrais longtemps de cette neige irréelle ainsi que tous ces japonais qui semblent passer leur hiver entre le déneigement des abords de leur maison et les onsen bien mérité après s’être frotté à la rudesse du climat de cette magnifique et sauvage île de Hokkaido.

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